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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/88

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LIVRE iv.

char semblait voler sur la face des eaux paisibles. Une troupe de Nymphes couronnées de fleurs nageaient en foule derrière le char ; leurs beaux cheveux pendaient sur leurs épaules, et flottaient au gré du vent. La déesse tenait d’une main un sceptre d’or pour commander aux vagues ; de l’autre elle portait sur ses genoux le petit dieu Palémon son fils, pendant à sa mamelle. Elle avait un visage serein, et une douce majesté qui faisaient fuir les vents séditieux et toutes les noires tempêtes. Les Tritons conduisaient les chevaux, et tenaient les rênes dorées. Une grande voile de pourpre flottait dans l’air au-dessus du char ; elle était à demi enflée par le souffle d’une multitude de petits zéphirs qui s’efforçaient de la pousser par leurs haleines. On voyait au milieu des airs Éole empressé, inquiet et ardent. Son visage ridé et chagrin, sa voix menaçante, ses sourcils épais et pendants, ses yeux pleins d’un feu sombre et austère, tenaient en silence les fiers Aquilons, et repoussaient tous les nuages. Les immenses baleines et tous les monstres marins, faisant avec leurs narines un flux et reflux de l’onde amère, sortaient à la hâte de leurs grottes profondes, pour voir la déesse.

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