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En prenant le thé

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lieues à la ronde l’on nomme mon oncle Joseph, — monsieur le doyen a près de soixante ans.

Son presbytère est bien campé à deux pas de l’église et ombragé d’arbres séculaires ; par le potager, il touche à un petit bois, où je vais de temps en temps tirer un lapin.

Pendant que je cours les champs, le fusil au dos, je sais que tout le monde est heureux : mes chiens ne dévastent pas les parterres de l’oncle, et la vieille Catherine compte sur son lapin : c’est toujours avec plaisir qu’on me voit arriver avec mon fusil.

Ce n’est pas que je sois un chasseur de première force ; ainsi, Dieu m’est témoin que bien souvent je n’ai fait que tuer le temps.

L’autre soir, par exemple, j’étais rentré bredouille ; il est juste d’ajouter, en manière de justification, que je m’étais occupé à poursuivre un tout autre gibier que le lapin : — Mais, en rentrant au presbytère, le je ne sais quoi inhérent aux maisons claustrales fit vite envoler toutes mes pensées mondaines, et j’eus un quasi-remords d’avoir déçu la vieille Catherine de son espérance de lapin. Il me serait assez difficile, en vérité, de vous dire