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En prenant le thé.

Pauvre cher petit être ! elle était si joyeuse, la veille au soir, et paraissait si heureuse de vivre.

Dans le coin de son petit lit, sa poupée, de ses yeux bleus grands ouverts, regardait toujours le plafond, comme lorsque la mignonne la berçait en s’endormant. Là sur la commode, pliés et rangés en piles, les petits vêtements qu’elle avait quittés, le soir ; ici, près de moi, sous mon pied, le petit tabouret où elle s’asseyait pour jouer à la maman ! Et ces pauvres amis qui me félicitaient de la gentillesse et de la bonne mine de mon bébé ! Et tout cela, si j’avais dormi, peut-être que…

Pauvre chère petite, va !

Et je la pressai, tout en pleurant, sur ma poitrine.

Elle eut une petite toux encore, mais, Dieu merci ! le danger était passé.

Elle resta à me regarder, de ses yeux à demi ouverts, et semblant me demander où elle était :

— Papa, Papa, disait-elle, et de ses deux mains passées dans ma chemise, elle me caressait la poitrine,

L’aube grise déjà perçait à travers les rideaux.

J’entendais au loin, dans la rue déserte, passer les