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Petite sœur.

rester telle que je t’ai toujours connue — bien naïve, bien enfant, bien câline, la même que… Tiens, tout à l’heure déjà, lorsque je suis entré, je suis sûr que si je t’avais donné au front un simple baiser, — comme à l’ordinaire, — tu te serais récriée.

— Je ne suis plus une petite fille et tu n’es plus un petit garçon, reprit-elle, et…

— Tu vois bien, et c’est déjà l’effet de ces maudites réunions mondaines.

— Mais — je t’assure —… tu vois bien que je ne suis pas encore tout à fait gâtée, puisque j’ai déjà repris la mauvaise habitude de te tutoyer.

— Ma bonne petite sœur, tu ne dois pas m’en vouloir de ce que je te dis là — mais…

— Mais.

— Mais —… D’abord promets-moi de ne pas rire de moi.

— Je te le promets.

— Bien sûr ?

— Bien sûr.

— … Lorsque je suis entré tout à l’heure, que Léon, — en véritable espiègle, — m’a entraîné près de cette table, lorsqu’on m’a annoncé ton premier bal, tu ne saurais croire quelle triste impression cela m’a