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En prenant le thé.

Un certain je ne sais quoi, qui tenait de la chatte ou du serpent, faisait que, sous sa robe blanche à plis tombants, son corps ondoyait et se laissait deviner. Elle était plutôt jolie que classiquement belle : elle était charmante.

Lorsqu’elle souriait, ses lèvres s’entr’ouvraient en laissant voir une rangée de dents blanches : son éclat de rire nerveux fascinait…

— …Veux-tu me prêter la lorgnette ? me demanda ma femme à ce moment-là.

Je tressaillis, — j’étais si loin déjà parti dans le pays des rêves et des souvenirs.

— Certainement, mignonne… Quelle ravissante créature, n’est-ce pas ? lui dis-je pendant qu’elle regardait.

— Comme ça, me répondit-elle.

— Oh ! regarde bien, j’ai rarement vu, pour ma part, une femme plus gracieuse et plus…

— Tu as raison, me dit-elle doucement en me rendant la lorgnette, dont je me remis à me servir.

Ma femme se rassit alors plus en arrière sur son fauteuil.

Je continuai, la lorgnette à la main, à suivre le cours de la comédie.