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La tête et le cœur.

chaudes et abondantes ; son petit corps mignon tressaillait tout entier et elle attendait ma réponse.

Pauvre aimée !

Quelles affreuses heures cette peur insensée d’abandon lui avait fait passer ! et quelle triste fin d’une soirée si joyeusement ébauchée !

Elle était si jolie, si câline dans sa douleur muette, penchée sur moi, que je retrouvai ces impressions toutes neuves des premiers jours, et l’embrassant de toutes mes forces :

— Pardon, chérie, lui dis-je, ne me fais pas un crime de quelques coups de lorgnette donnés sans intention aucune. Si tu savais quel bonheur c’est pour moi de te revoir ainsi, tout près de moi, de t’entendre me dire tout bas : Je t’aime, tu comprendrais que je ne les regrette pas trop, malgré ces grosses larmes qu’ils ont fait couler… Je t’aime, chérie, et plus encore…

— Bien vrai ?

— Et tu es mille fois plus jolie, mille fois plus séduisante,… parce que tu as les cheveux plus beaux, parce que tu as les lèvres plus fraîches, le sourire plus charmant, parce que je t’aime enfin… que veux-tu que je te dise de plus ?… parce que je