Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

6
En prenant le thé

tent du temps perdu et crotté comme un barbet.

J’ouvris la porte assez brusquement et, laissant au vestiaire mon manteau et mon parapluie, je pénétrai dans la salle à manger.

Derrière la porte, un petit rire étouffé retentit, et mon bébé, s’élançant à ma rencontre, vint se jeter dans mes jambes.

— Bonjour, petit père…

— Bonjour ! bonjour ! lui répondis-je d’un ton assez bref, sans le regarder, et le repoussant doucement de la main, bonjour !

Et je passai dans l’autre chambre, où je me mis à causer avec ma femme de la contrariété que je venais d’éprouver.

Après avoir épuisé en conversation le sujet qui nous intéressait, je relevai la tête et :

— Où est bébé ? demandai-je à ma femme.


Bébé avait alors quatre ans : à elle seule, ma petite Jeanne composait toute ma jeune famille.

Je n’ai certainement pas inventé l’amour paternel, mais à coup sûr, j’ai dû, si cela est possible, le perfectionner : j’adorais ma fille.

Eh ! mon Dieu ! — Après une journée de travail,