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Un gros chagrin.

meuse, de sa petite main potelée, m’emprisonna le doigt.

— Petit père, me dit-elle en s’endormant, tu m’aimes bien, — bien sûr, — dis ! Et elle coucha sa jolie petite tête sur ma main.

Au moment où ma chérie allait partir pour le pays des rêves : — Jeanne, lui demandai-je tout bas, tu n’as plus ton gros chagrin, n’est-ce pas ?

— Oh ! c’est fini !

Puis elle me sourit en fermant les yeux.

Je restai un instant auprès du lit ; tout en dormant, l’enfant entr’ouvrit ses lèvres et au milieu de sons inarticulés, je crus entendre :

— Si, — papa aime encore bébé.


Je ne saurais dire comment, ces temps derniers, ce souvenir revint me visiter.

Bien des jours, bien des années se sont écoulées : Jeanne est devenue grande fille, et nous nous aimons maintenant presque comme deux amis.

Son petit bouquet de fête est fané depuis longtemps, et le souvenir des premières larmes que je lui ai fait verser est toujours vivant en moi.

Le bébé a perdu son zézaiement, mais a gardé, je