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En prenant le thé

l’été, provision de baisers pris sur ces mains-là, pour tous les mois d’hiver !

Ma foi non. — Je n’ai jamais eu le souci du lendemain, et j’ai toujours aimé à vivre au jour le jour.

Mlle de K. tapota tant bien que mal la fin de la valse commencée et revint s’asseoir autour de la table.

Je tâchai de faire oublier à la pauvre fille le chagrin que je lui avais causé en laissant voir mon… dépit : elle demeura triste toute la soirée.

On apporta le thé et ce fut elle qui me versa ma tasse et me la présenta. – Oh ! ces engelures… et cette gerçure juste là, en haut…

J’ai bu mon thé avec beaucoup de rhum.

En présentant le sucrier à ma tante, je lui dis tout bas en lui montrant sa main à elle, une main de fée : — C’est une trahison.

— 400, 000 francs, me répondit-elle.

Je fis un signe de tête et retournai à la table.

Nous partîmes, ma tante et moi, de bonne heure.

Dans le coupé qui nous reconduisait, je la grondai fort, et lui prenant sa petite main blanche et par fumée :