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En fanant

mari, avec cet accent, cette intonation, cette intention qui est d’un charme si naïf chez les jeunes femmes.

Elle ramena du reste plusieurs fois dans la conversation cette phrase, qu’elle faisait si gracieuse :

« Mon mari » : c’était son bien, sa chose, son petit homme à elle.

Elle fixait sur moi, en prononçant ce mot, son regard limpide, calme, et ses paupières un peu clignotantes me semblaient dire avec une teinte d’impertinence mondaine :

« Mon petit mari, cher monsieur, ce n’est pas vous »

En y réfléchissant bien, peut-être en serais-je venu à le regretter ! —— Mais je m’égare !

Jean, l’heureux époux, s’en revint à la fin, et nous partîmes tous trois, cherchant notre roule à travers les prés, causant et jouant comme des fous.

Je ne laissais pas cependant que d’être assez embarrassé de la contenance de mes deux compagnons.

La jeune femme, pour un rien, sautait au cou de mon ami, et l’embrassait.

Et comme je les regardais, la jeune folle, se tournant vers moi :

— Vous êtes jaloux, dites ? Tenez ! — Et avant que