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En prenant le thé

Pendant un instant, je n’entendis rien, puis enfin :

— Cependant, disait la voix, il faudra bien qu’un jour je sache cela aussi bien que toi. D’abord, je suis très curieuse, et si je veux savoir…

— D’abord tu es trop curieuse…

— Mais enfin… je ne suis plus une enfant…

— C’est vrai, mais il y a si peu de temps !

— Alors tu veux que je reste une niaise ?

— Le plus longtemps possible, oui, chérie !

— Tu es un monstre, et si tu ne veux pas me le dire… je le demanderai à Henri, — et elle faisait sa grosse voix en disant cela.

Henri, c’était moi ! je dressai l’oreille, comme bien vous pensez…

Il se fit un silence, et la jeune femme, revenant doucement à la charge :

— Non, sérieusement, mon petit homme chéri, dis-moi pourquoi les hommes…

Un maudit oiseau s’étant mis à chanter, je perdis la fin de la phrase.

— Tu crois me prendre par tes câlineries, eh bien non… ma chérie… Tiens, je suis sûr qu’on vient de ce côté.

— Non, je t’assure, il ne vient personne.