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En prenant le thé

— Allons travailler. — Et elle nous entraîna chacun par une main.

À la nuit tombante, le travail fut fini.

Et le lourd chariot, du pas paisible de ses quatre bœufs, s’ébranla dans le chemin à ornières qui menait à la ferme.

C’était un spectacle magnifique que cette masse noire, se détachant sur la rougeur éclatante du soleil couchant, et s’avançant majestueusement aux cris traînants du conducteur.

Sur le haut du chariot une paysanne, les pieds nus pendants, et ses sabots posés à côté d’elle, psalmodiait un air du pays, et les travailleurs, leurs outils sur l’épaule, suivaient lentement et semblaient un cortége.

Nous venions après.

La jeune femme, appuyée au bras de son mari, l’intriguait en souriant, et semblait lui rappeler une promesse ; lui, calme et flegmatique, faisait des signes de tête sans donner d’autre réponse.

Le chariot s’ébranla sous la voûte et passa dans la cour de la ferme, pour entrer dans la grange, où · il se mit à l’abri des pluies.

Je restai un instant pour surveiller les travaux.

Lorsque, la besogne terminée, je rentrai au