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Grand'maman en bonne fortune.

se couvrent de fleurs embaumées, et c’est presque un crime que de travailler encore, au printemps, à tous ces ouvrages d’hiver qui ne font bien qu’aux soirs de neige et sous l’abat-jour de la lampe.

Je me suis levé ce matin avec des intentions de courir les champs, et je suis curieux de voir si mes vieilles jambes me refuseront leur service.

Tout à l’heure, par la fenêtre ouverte, quand ces bouffées d’air chaud et embaumé me venaient caresser le visage, l’idée de refaire une de nos promenades d’autrefois m’est venue et… — En êtes-vous, comtesse ?…

— Mes pauvres jambes…

— Ta ta ta… vous avez ce matin votre teint de vingt ans. C’est convenu, n’est-ce pas ? — nous allons courir les bois comme autrefois….

— Comme autrefois ! repris-je en branlant la tête avec un air de doute. Enfin…

Nos apprêts ne furent pas longs, et comme nous descendions pour monter dans le fiacre qui nous attendait :

— Pour quelle heure madame la comtesse veut-elle le dîner ? me demanda Jean.

— Nous dînons dehors, lui répondit le comte en