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Grand’maman en bonne fortune.

Nous avons été heureux, comtesse.

Et puis encore, lorsque, quelque temps plus tard, les bras crispés autour de mon cou, vous en appeliez à tout mon amour pour vous donner du courage, et lorsque le premier cri de la petite chérie se fit entendre, quels bons baisers et quel bon sourire triste !

Puis quand la petite mignonne, assise entre nous deux, le matin, dans le lit, nous faisait sa distribution de baisers et de questions naïves, quels bons coups d’œil vous me lanciez ! et, dites, n’est-il pas vrai que nous étions heureux ?

Il avait rapproché sa chaise de la mienne, et me tenait la main :

Buvons au renouveau d’amour, grand’maman, me dit-il, et il remplit de nouveau ma coupe.

… C’était dans ce petit bois, au fond du parc, grand’mère, que pour la première fois tu m’as dit : Je t’aime ; tu rougissais et tu baissais les yeux, et moi j’étais si heureux que j’aurais voulu le conter à tout le monde, mais tu m’as bien grondé pour cela. Pauvre petit bois ! les arbres ont grandi depuis lors, et c’est maintenant presque une forêt.

Comme nous aimions alors, dans ce petit bois,