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Quoique Hemricourt, ou plutôt ses éditeurs, ait voulu franciser son rude langage, ses ouvrages sont écrits en pur et franc wallon.

Après Hemricourt, silence cent fois plus profond et plus triste que jamais, car cette fois on en connaît les causes. Pendant un siècle, la muse wallonne se taira, effrayée et mise en fuite par cent ans de guerre, guerres continuelles, guerres féroces, guerres de religion, c’est tout dire. Les lettres seront foulées aux pieds avec le Péron ; elles s’engourdiront si bien qu’elles resteront muettes même à l’appel de l’Imprimerie, qu’on découvre. Liège perdra toutes les institutions littéraires et scientifiques qui faisaient jadis sa renommée, et Guicchardin, en la voyant, s’écriera avec amertume : Ceste Cité flourissoit plus jadis qu’elle ne fait à présent, à cause que les Lettres et toutes Sciences y estoient en grand honneur[1] ! Pour la voir renaître, il faut attendre le XVIIe siècle, qui lui ramène le calme. Mais le wallon, hélas ! a reçu le coup mortel, et il ira toujours en dépérissant : il va s’éteindre désormais comme langue originale et propre d’un peuple qui ne ressemblait à aucun autre : il va disparaître comme langue qui se parle et s’écrit : il va enfin subir cette décadence qui punit tout ce qui reste stationnaire. Or, le jour où une langue n’avance plus, c’est le jour où elle meurt, c’est-à-dire, où elle devient patois. Et à cette époque déjà, ce n’est plus autre chose. Nous en faisons aujourd’hui l’histoire.

    p. 26, nous avons donné un extrait de la préface du Patron mais il contient de mauvaises leçons. Nous publierons incessamment en entier le Patron del Temporaliteit.

  1. Description de touts les Pays-Bas, etc. Amsterdam, 1609, in-fol. — V. pag. 469.