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E.

On doit faire attention aux accents dont il peut être chargé. Sans accent il se prononce eu comme dans femm, femme, dont le son vocal est feum. Quand l’e muet est final et vient à la suite d’une consonne, il perd presque totalement sa valeur, et ne donne aucun son. Il renforce seulement la lettre qui précède, ou, pour mieux dire, il n’est plus qu’une vibration d’une consonne qui finit et se prolonge : hâgne, écaille. Mais il y a des exceptions. Dans quelques localités, on appuie sur cet e final et on le fait sentir assez fortement comme si c’était une particule : des maweurez [e] célihez. Un lecteur judicieux doit prévoir ces exceptions ; mais pour les rendre sensibles il serait peut-être bon de marquer du tréma l’ë, qui reprendrait alors sa qualité de voyelle : l’e final de maweurëz aurait ainsi un son, et celui de cèlihez serait nul.

L’e français dans le corps des mots communs au wallon, se fait le plus souvent précéder d’un i : viersé, tiess, pierdou, biess, fiess. Le contraire a lieu à l’égard di ier français, qui se change en i : Vervi, Chokir, prumi, offici, bire.

Suivi d’un u, il se prononce comme dans heureux : heure, pitleur, tache de rousseur. Dans le corps de tous les mots où, par analogie avec le français, on voudrait donner à l’e la voix en, on doit lire comme si c’était écrit in : vent, lisez vin ; même : meime ; temps : tin.

G.

Cette lettre a toujours le son guttural, comme dans mangon, boucher ; gatt, chèvre ; galaff, gourmand. Devant un n, elle prend le son de gne très-sonore : sogne,