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Ils ne sont pas assez futés pour venir nous chercher là.

Grande fut la découverte des officiers du croiseur, quand, après une chasse prolongée, ils arrivèrent à un petit feu qui semblait se nourrir des eaux de la mer. La poursuite fut continuée au hasard vers le sud, avec le seul résultat de persuader aux matelots que Gamache s’était échappé sous la forme d’un feu-follet. Grande fut aussi la surprise des commis de Mingan, lorsque, le matin du jour suivant, ils aperçurent la goélette chassée la veille, tranquillement mouillée à la place qu’elle avait occupée, quelques heures auparavant, et environnée d’un triple rang de canots montagnais.

Quoique Gamache se confiât à la générosité de la tribu montagnaise en général, il y avait cependant des circonstances où il se mettait en garde contre les individus.

Un jour, il était seul, tout à fait seul, dans son établissement, quand un canot sauvage, jusque-là caché par les rochers, aborda à la grève voisine. Un énorme Montagnais en débarque, et, armé jusqu’aux dents, s’avance d’un pas ferme vers la maison. Comme il était déjà sous l’influence de l’eau-de-vie, il était à craindre qu’il ne voulût user de sa force pour remplir la bouteille vide qu’il portait. Gamache n’était plus d’âge à lutter corps à corps contre un si vigoureux gaillard. Son parti est de suite pris ; il ne faut pas que l’ennemi entre en maître dans sa forteresse. Il se poste sur le seuil de la porte, une carabine au bras et deux ou trois fusils à ses côtés.

— Arrête ! Je te défends d’avancer !

Il lance ces mots avec sa plus grosse voix, sans troubler aucunement l’étranger qui continue sa marche.

— Si tu fais un pas de plus, je te tue !

Le pas est fait ; mais avant que le sauvage ait pu en faire un second, il tombe frappé d’une balle à la cuisse, Gamache