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l’avais au bout de mon fusil ! Oui, mais je risquais de tuer la jeune fille blonde qui a prononcé mon nom… Qui est-elle ?… Je le saurai.

Et il entra dans le taillis comme un homme à qui toutes les routes de l’immense forêt auraient été familières.

VII

PLUTÔT MOURIR

Après une course désordonnée qui dura une partie de la nuit, le Jaguar (puisque c’est ainsi que s’appelait le chef de la troupe) fit faire halte. Les hommes qui s’étaient relayés pour porter les prisonniers les déposèrent sur le sol. On détacha les jeunes filles à moitié mortes de fatigue et de peur, et on les coucha plus doucement sur un lit de mousse.

La pauvre Grise, que l’on avait forcée à courir en la frappant sans pitié, semblait n’avoir attendu que ce moment:elle tomba pour ne plus se relever ; ses yeux mourants s’attachèrent encore sur les jeunes filles, qui de tout temps, l’avaient habituée à des caresses et à des gâteries ; car lorsqu’elles étaient enfants, c’était la Grise qui les promenait sur son dos dans le vaste domaine de leur mère. Paula, qui revenait à elle, vit l’agonie de la pauvre bête et son cœur se gonfla.

Les Peaux-Rouges paraissaient très excités, contre leur habitude; ils causaient tumultueusement et ils ne semblaient pas d’accord.

Les prisonniers ne tardèrent pas à comprendre de quoi il s’agissait, car on les délivra de leurs liens et chacun d’eux fut attaché au tronc d’un arbre. Il était évident que les sauvages, les trouvant embarrassants, voulaient se défaire d’eux, tout en se donnant l’agrément du poteau du supplice.

Robert et ses sœurs savaient avec quel épouvantable raffinement de cruauté les Peaux-Rouges mar-