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ENTRE DEUX RIVES

pensée s’envole très souvent vers vous, qui êtes pour moi ma véritable sœur lointaine…

Je vous remercie du bon morceau de sucre reçu hier. À l’armée belge, le café est notre seule boisson. Autrefois, on pouvait la sucrer ; mais la pénurie actuelle nous en a fait passer le goût, et nous buvons notre café naturel, sans trop rechigner… On ne s’en porte pas plus mal assûrément, mais de savoir que j’ai maintenant une petite provision de sucre canadien en réserve, ça me fait du bien et me rend plus gai…

Merci encore des détails que vous me donnez sur l’industrie érablière qui est une chose tout à fait inconnue ici.

Oh ! mais voici que vous désirez savoir si je punis mes subalternes, et vous vous y prenez finement !…

Pour satisfaire votre gentille curiosité, je vous dirai qu’au temps où j’étais dans l’infanterie j’ai bien donné, si je me rappelle, quatre et huit jours d’arrêt à un soldat, pour insubordination. Je voulais faire un exemple. Je ne vous cache par que la pauvre victime de ma sévérité n’a accompli que la moitié de la punition… Mais généralement j’obtiens pleine obéissance et satisfaction de mes hommes sur l’expression toute simple de ma volonté.