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ENTRE DEUX RIVES

« 10 heures ! La messe des Boches est terminée… Frémissante et joyeuse, la foule envahit à son tour la vaste nef ! C’est comme une conquête : le peuple bruxellois reprend son église à l’étranger honni… Le décor change aussitôt et les vieilles pierres, fatiguées de l’oppression teutonne, prennent subitement un air de fête pour nous dire : « Bonjour ! »

La grand’messe commence, se poursuit et s’achève par la bénédiction du Saint-Sacrement, au milieu du recueillement le plus profond. L’office terminé, la foule écoute jouer l’orgue… On attend, on espère un air qui ne vient pas : « la Brabançonne ! »… Le Boche a cru sage de défendre cet air national, pensant peut-être imposer silence à nos cœurs, à notre amour du sol natal… Eh ! bien, s’« ils » ne permettent pas qu’on le joue, notre hymne du pays, on le chantera !… Des cris se font entendre : « Vive le Roi ! Vive la Reine ! Vive la Belgique ! » et l’âme belge laisse éclater le flot trop contenu de son ardeur patriotique… On voit de mâles visages pâlir d’émotion, des vieillards s’émouvoir, on monte sur les chaises, on agite des chapeaux, et « la Brabançonne » jaillit enfin, impatiente et nerveuse, des poitrines dilatées… Et toujours : « Vive le Roi ! Vive la Reine ! Vive la Liberté ! »