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La Gaspésie

Des fenêtres du presbytère, l’on aperçoit clairement le plateau verdoyant de l’île de Percé. Il est semé de points brillants, tantôt stationnaires, tantôt mobiles ; ce sont les habitants ailés de ce lieu, les uns couvant leurs œufs dans la sécurité la plus profonde, les autres veillant sur la famille nouvellement éclose. Cette ville aérienne se divise en deux quartiers bien distincts, celui des cormorans et celui des goëlands. Si un individu d’une des tribus ose franchir la limite assignée à ceux de sa plume, cet empiètement n’est jamais toléré en silence. Un cri formidable, formé de milliers de cris, retentit dans les airs, et se fait entendre quelquefois à la distance de plusieurs milles ; une nuée, semblable à un brouillard épais de neige, s’élève au-dessus du camp souillé par la présence de l’étranger. Les envahisseurs sont-ils nombreux ; une colonne se détache de la masse des habitants du territoire menacé, et, décrivant un demi-cercle, va attaquer les ennemis sur les