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La Gaspésie

La famille LaBauve est renommée dans tout le pays par les bons chantres qu’elle a produits. Le père de Benjamin, grand et vigoureux vieillard de soixante-douze ans, conserve encore quelques restes d’une voix autrefois magnifique. Sous ce rapport, son fils et son petit-fils soutiennent dignement la réputation du père. Dans la bouche de Benjamin LaBauve, les chants de l’Église, déjà si beaux par leur gravité et par la simplicité de leur cadence, se revêtent d’un charme particulier, que leur communiquent l’organe du chantre et la douceur de la langue micmaque. Lorsque, sous cette humble voûte, noircie par les années, et consacrée par les prières des premiers chrétiens de la Gaspésie, les descendants des enfants de la forêt entonnent des cantiques de douleur et de repentir, où quelque prière pour les morts, la pensée se reporte avec tristesse sur ce peuple, jadis maître de toute la contrée, et aujourd’hui disparaissant rapidement en présence de la civilisation européenne.