Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
La Gaspésie

jusques-là dans ses flancs, » se rue contre nous, sifflant, rageant, hurlant. Comme il souffle dans la direction favorable, le capitaine se décide à profiter de sa mauvaise humeur ; on lève l’ancre, les voiles sont tendues ; la Sara a senti l’éperon, elle tremble dans tous ses membres, elle se penche et s’élance. De la salle à dîner, un cri de détresse s’est fait entendre ; ce n’est pourtant rien de sérieux, car il est suivi de rires homériques. Potage, assiettes, verres, pain, plats, se précipitent, dans une admirable confusion, sur les genoux de M. F., qui… mais non ! jamais il n’a reculé devant de tels ennemis. Sa vaste poitrine affronte la tempête ; elle offre une digue, contre laquelle viennent se briser les flots tumultueux de biftek et de potage. D’une main il saisit un plateau qui s’agite sur sa base, de l’autre, il arrête la soupière renversée ; il cherche encore s’il n’aurait pas une troisième main, pour achever de mériter le titre de sauveur de la patrie.