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Le Labrador

Trois mois auparavant, un meurtre, le meurtre d’un chien jeune et vigoureux, avait été commis en ce lieu. Qui sait ? — Eh bien ! tous les soirs, le vieux se rendait fidèlement sur une pointe de rocher qui s’avance au-dessus de la mer, et soit qu’il eût l’âme poétique, ou que le souvenir d’un crime lui rongeât le cœur, il attendait, morne et silencieux, le lever de la lune. Au moment où elle se montrait, il poussait un hurlement digne des chiens chantés par Ossian. — Le premier cri restait sans réponse ; au second, vingt voix claires relevaient l’antienne, avec une énergie et une constance propres à désespérer un dormeur ordinaire.

Dans un autre poste, où j’occupais seul la maison d’hiver, je fus surpris d’entendre pendant la nuit un mouvement inaccoutumé sous le plancher ; c’était des grondements, des plaintes, des menaces, suivis de hurlements et d’un branle-bas épouvantable. La séance était