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Louis-Olivier Gamache

grève voisine. Un énorme montagnais en débarque, et, armé jusqu’aux dents, s’avance d’un pas ferme vers la maison. Comme il était déjà sous l’influence de l’eau-de-vie, il était à craindre qu’il ne voulût user de sa force pour remplir la bouteille vide qu’il portait. Gamache n’était plus d’âge à lutter corps à corps contre un si vigoureux gaillard. Son parti est de suite pris ; il ne faut pas que l’ennemi entre en maître dans sa forteresse. Il se pose sur le seuil de la porte, une carabine au bras et deux ou trois fusils à ses côtés. — « Arrête ! Je te défends d’avancer ! » Il lance ces mots avec sa plus grosse voix, sans troubler aucunement l’étranger qui continue sa marche. — « Si tu fais un pas de plus, je te tue ! » Le pas est fait ; mais avant que le sauvage ait pu en faire un second, il tombe frappé d’une balle à la cuisse. Gamache est déjà à ses côtés ; après avoir désarmé le blessé, il le charge sur ses