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De tout ce peuple il fit carnage
Pour se remettre en appétit ;
Mais aujourd’hui s’il passe auprès de l’hirondelle,
De peur de l’effrayer, il fuit à tire-d’aile,
Et respecte toujours son nid.



FABLE CLVII.

LE RENARD ET LE CHIEN.


Un renard cheminant rencontre un beau mâtin :
Viens, suis moi, lui dit-il, renonce à l’esclavage,
Chez ton maître jamais tu n’auras que du pain,
Et tourné comme toi, par ma foi, c’est dommage.
Pour la cour du lion laisse-là ton village :
Je peux par mon crédit t’y donner de l’emploi.
Nous y vivons heureux, et chacun y partage
Les profits de la guerre, et les faveurs du roi.
Il ne s’agit que de lui plaire ;
Je vais t’en dire le secret :
Sur ses défauts savoir se taire,
C’est d’abord sur ce point qu’il faut être discret ;
Louer le bien, le mal, être prêt à tout faire ;
Et, pour achever en deux mots,
Tâcher de l’amuser, et mentir à propos ;
Tu pourras obtenir alors un bon salaire,
Aspirer même à toute dignité.
Grand merci, dit le chien, j’aime la vérité,
Je la préfère aux biens de tel empire :
Il n’est point de félicité
Quand on peut craindre de la dire.