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Travaillez, travaillez ; vîte, qu’on se retire.
Moi, travailler, bon dieu ! de foiblesse j’expire.
Je suis un malheureux et non pas un coquin ;
Mais quand je le serois, hélas ! mourant de faim,
Vos dons auroient leur prix, l’aumône est toujours bonne ;
Et puis sachez, monsieur, que le riche inhumain
Qui se permet l’injure, en refusant du pain,
N’a plus le droit de mépriser personne.



FABLE CLXVII.

L’AGNEAU ET SA MÈRE.


Que les humains sont doux et bons,
Disoit un jeune agneau causant avec sa mère !
Car c’est l’homme à qui nous devons
Tous les biens dont nous jouissons,
Ombrage, serpolet, bruyère,
Et l’herbe fine des gazons.
Il écarte, il détruit les joncs
Qui troublent le ruisseau dont l’eau nous désaltère ;
Il apprit à ses chiens à nous garder des loups ;
Dès l’aurore il veille sur nous,
Et sous le toit de sa chaumière,
Vers le déclin du jour, lorsque nous revenons,
Pour reposer ses chers moutons,
Il étend avec soin la plus fraîche fougère :
Puis, quand l’été brûlant viendra nous tourmenter,
Sa bienfaisante main daignera nous ôter
La toison qui nous pèse et qui nous embarrasse.
— Pauvre innocent, lui répond la brebis !