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S’il est berger qui soit sensible et tendre,
Et qui veuille être aimé de bonne foi,
Dieu des amours, ah ! fais lui bien entendre
Qu’il ne sauroit être heureux qu’avec moi.


REGRETS D’UNE BERGÈRE.
STANCES.


Non, je n’aime plus le printemps.
Cette saison pleine de charmes
Ramène en moi des sentimens,
Qui me coûtent toujours des larmes.

Tout parle d’amours, de désirs,
Jusqu’aux oiseaux dans leur ramage ;
Et moi, je n’ai pour tout langage
Que les plaintes et les soupirs.

Dans le vallon, sur la montagne,
Quand je commence à sommeiller,
Le tourtereau vient m’éveiller
En roucoulant pour sa compagne.

La gaîté de chaque pasteur
Me rend l’humeur triste et sauvage
Et des bergères le bonheur
M’importune encor davantage.

Je pense, en voyant sous l’ormeau
Sauter, folâtrer la jeunesse,
Que Daphnis avoit plus d’adresse
Et dansoit le mieux du hameau.