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Lorsqu’elle va m’être ravie.
De l’amitié sentiment enchanteur
Il faut hélas ! oublier le bonheur :
Car ce vieillard qui court le monde
Ravageant tout, contre qui chacun gronde,
M’a dit en fuyant l’autre jour :
Bientôt je serai de retour,
Par toi je dois finir ma ronde.



À PERETTE


La voyez-vous cette jeune Perette,
Aux pieds légers, quoique peu délicats,
En bavolet, en cheveux plats,
En jupe simple, mais proprette ?
Eh bien ! de la pauvre fillette
Je voudrois pour toujours assurer le bonheur.
Ah ! qui m’a fait sentir le plaisir d’être aimée,
A des droits sacrés sur mon cœur.
Par sa naïveté Perette m’a charmée.
En me versant du lait, salutaire liqueur,
Mon seul nectar, le soutien de ma vie,
Elle me dit, avec l’air de candeur,
Qu’elle m’aimoit à la folie :
Et puis, elle ajouta, d’un accent enchanteur :
Si j’ai dit je vous aime, excusez, je vous prie :
Contre moi si ce mot excitoit votre humeur !…
Dans ce moment, quoique bien attendrie,
Je ris de sa naïve peur ;
Mais après, pour toujours, Perette en fut guérie.
Ô doux pouvoir du sentiment !