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Ô séjour champêtre !
Un profond soupir ;
Et pendant ma vie,
Le doux souvenir
D’une tendre amie.


PLUS D’ILLUSIONS.


Eh quoi ! tout fuit dans le vieil âge,
Tout fuit, jusqu’à l’illusion !
Ah ! la nature auroit été plus sage
De la garder pour l’arrière-saison.
Oui, si l’imagination
Conservoit sa douce magie,
Elle préserveroit, sur la fin de la vie,
De l’ennui, ce mortel poison.
Dans la jeunesse, elle décore
Tous les objets et tous les lieux ;
La raison vient qui décolore
Tous ces tableaux délicieux.
Je les regrette, et ce n’est pas folie.
Je ne vois plus mes gazons, et mes bois,
Ni mon ruisseau, ni ma prairie,
Comme je les vis autrefois.
Lorsque j’entends la tourterelle
Roucouler ses tendres amours,
Je ne dis plus, comme dans mes beaux jours :
Il faut la prendre pour modèle.
Progné n’est plus pour moi qu’une simple hirondelle,
Et quand le rossignol me ravit en chantant,
Je ne m’attendris plus sur le vieil accident
De cette pauvre Philomèle.