Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(76)

 
Serre-la dans la tienne, et puis embrassons-nous.
Le chien recule et dit : mais la griffe est dessous ;
On ne craint pas la mienne, et pour les gens que j’aime,
Dans mes folâtres jeux, ou bien en caressant,
Ma douce patte enfin sera toujours la même :
Je ne veux point d’ami, s’il n’en peut dire autant.



FABLE LXIX.

L’HOMME DUPE DE SES DÉFAUTS.


 
Un vieil avare étoit sujet à la colère ;
Il grondoit, s’emportoit et souvent sans raison.
On ne voyoit chez lui ni rubans, ni jupon ;
Point d’épouse, en un mot, pas une ménagère :
Mais contre qui, me dira-t-on,
S’exhaloit cet excès d’humeur atrabilaire ?
Contre son chien, son chat, composant sa maison ;
Celui-ci fort gourmand, las de sa maigre chère,
Un des jours gras dérobe au bonhomme un chapon,
Qui devoit le nourrir la moitié du carême :
Contre un pareil larcin sa fureur fut extrême,
Et le chat succomba sous les coups du bâton,
Quoiqu’il eût dit cent fois, mon cher Minon, je t’aime.
Ce délit
Fit du bruit ;
Souris et rats s’en réjouirent,
Et vîte au grenier s’établirent,
Blé, noix, tous les fruits à foison
Deviennent leur provision,
Et rien n’égala leur ravage
Que leurs débats et leur tapage.