Qui dévastoit tout ce canton !
De nos chétifs repas voici donc la raison !
Mon empire annonçoit prochaine décadence :
Excepté ce fripon, tous mes sujets et moi
Éprouvons quelque défaillance,
Tu ne chasseras plus qu’à côté de ton roi ;
Je jugerai de ta vaillance ;
Tu mérites la mort, te voilà dévoilé,
Mais sans remords, car ton air désolé
S’adresse au cher butin pour toi seul immolé.
Je suis bon et veux bien suspendre ma justice :
Qui n’a rien, ne prend rien, ne peut être volé ;
Si l’on te vole encor, frémis de ton supplice.
FABLE LXXVI.
LE BOURDON ET L’HIRONDELLE
Maudit soit le bourdon aussi vil qu’ennuyeux,
Disoit l’autre jour l’hirondelle ;
Sans cesse il vient troubler les chants mélodieux
Du merle, du pinson, de ma sœur Philomèle.
À quoi cet insecte est-il bon ?
Interrompre, étourdir, il n’a pas d’autre don.
Et toujours, près de nous, il vient faire sa ronde.
L’ennuyeux bourdon l’entendit,
Et lui dit :
J’ai bien des pareils dans le monde,
Qui jamais n’ont fait que du bruit ;
Car notre espèce est très-féconde.
Nous recevons parfois incivil compliment ;