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MA FOLIE.
VERS À MA FILLE.


Qui peut savoir, qui peut me dire
Pourquoi cet enfant, ce lutin,
Aux grands yeux noirs, à l’air mutin,
Sur tout mon être a tant d’empire ?

Si, me sentant mal à mon aise,
J’ai de l’humeur en m’éveillant,
Ma fille paroît en sautant
Aussitôt mon humeur s’appaise.

Si pendant le jour je soupire,
L’esprit de chagrins tourmenté,
Sa folle et naïve gaîté
Au même instant me fait sourire,

Quand j’orne ma maison nouvelle,
Si je crains de n’en pas jouir,
Je fais renaître le plaisir,
En disant : Ce sera pour elle.

J’aime à jouir, sous le feuillage,
Du chant des hôtes de nos bois ;
Mais vient-elle y mêler sa voix,
Je la préfère à leur ramage.

Je veux, lorsqu’elle m’est rebelle,
La punir pour la corriger,
La follette, pour se venger,
Me fait bientôt jouer comme elle.