ROMANCE
Il est parti, cet amant que j’adore ;
Il est parti peut-être sans retour !
Moi, qui chantois mon bonheur dès l’aurore,
Je vais pleurer maintenant tout le jour.
Je ne sors plus de ce lieu solitaire ;
Daphnis venoit soupirer dans ces bois :
Je n’ai de lit que ce lit de fougère ;
J’y vis Daphnis reposer quelquefois.
D’un seul ruban je veux orner ma tête;
Il me paroit quand je reçus sa foi :
Et si je chante encor à quelque fête,
Ce sera l’air qu’un jour il fit pour moi.
Petits oiseaux, qui gazouillez sans cesse,
Daphnis vous aime : ah ! j’aurai soin de vous !
Mais devant moi pas la moindre caresse,
De vos plaisirs mon cœur seroit jaloux.
Ainsi que vous, aimables tourterelles,
Je brûlerai du feu le plus constant ;
Ainsi que vous, si j’avois eu des ailes,
J’aurois déjà retrouvé mon amant.