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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

instant tentés de confondre avec l’esprit national de notre civilisation, bien qu’il en diffère à beaucoup de points de vue. Or, le cosmopolitisme de l’Empire, le mélange des races, des religions, des mœurs, des cultures, l’unification du gouvernement, le développement du commerce et de l’industrie, les nouvelles doctrines religieuses et philosophiques que le cosmopolitisme favorisait, avaient frappé à mort en même temps le polythéisme et l’esprit de tradition locale. La prospérité elle-même, cette facilité relative pour les familles obscures de s’enrichir, de s’instruire, et de monter aux classes supérieures, par la richesse, par l’instruction, par la richesse et par l’instruction en même temps, avait été une cause d’affaiblissement cachée, mais profonde. La civilisation gréco-latine était aristocratique à un degré que nous avons parfois peine à comprendre ; sa force était dans les élites très restreintes, mais très capables, qu’elle