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de deux doctrines qui sont, au fond, philosophiquement irréductibles, je ne me fais aucun scrupule d’appliquer à cette situation ce grand mot de tolérance, que le dix-huitième siècle avait inventé, précisément pour faire vivre côte à côte des doctrines et des religions inconciliables. (Très bien ! très bien !)

Oui, autant que je le pourrai, je prêcherai dans la commune la tolérance au maire, la tolérance au curé, et je n’admets pas qu’on me reproche à ce propos de vouloir que l’État soit toléré par l’Église. Messieurs, la tolérance n’est pas une question de doctrine, c’est une question de conduite. (Assentiment général.)

Je suis convaincu que cette conduite plus douce, plus bienveillante, plus facile, vous la détermineriez, messieurs, dans des proportions que vous ne pouvez pas imaginer, si vous vouliez considérer une bonne fois avec bienveillance le budget des cultes.

N’y touchez pas, et faites bien entendre que vous ne voulez pas y toucher et vous aurez la paix, cette paix religieuse qui est le vœu du pays ; non pas sans doute le vœu des cléricaux de profession et des dévots échauffés (Rires), mais de cette foule de citoyens paisibles, indifférents peut-être dans le fond des choses, mais à l’heure qu’il est — croyez-le bien — plus las des querelles religieuses que de toute autre chose au monde. (Vifs applaudissements.)