Page:Fertiault - La Nuit du génie, 1835.djvu/21

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Sur aucun des objets il ne porte sa vue.
Ses pas sont lents ; son front, sombre et préoccupé,
Nous dit tous les chagrins dont son cœur est frappé.
Il avance et, debout vers sa couche, s’arrête.
Il y pose une main tandis que, sur sa tête,
L’autre, rapidement, passe et retombe, hélas !
Toute chaude d’un mal qu’elle n’enlève pas.
Ces maux, qu’il souffre en lui, qui saurait les traduire ?
Dieu seul, qui les lui fait, Dieu seul pourrait les dire.
Mais bientôt sa lumière importune ses yeux
Et, comme si dans l’ombre il devait être mieux,
Il la chasse et déjà son humble couverture
Renferme avec son corps les peines qu’il endure.

Mais du repos des nuits cette longue douleur
Dès long-temps de sa couche a banni la douceur
Et le sommeil est loin d’habiter sa paupière.
Son cœur bat ; son front brûle et son ame en prière
Attend, semblable au lit d’un fleuve desséché,
Qu’une source nouvelle en elle ait épanché