Page:Fertiault - La Pologne en 1863, 1864.djvu/7

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La pointe d’un poignard sillonne sa poitrine,
D’où son généreux sang jaillit… en même temps
Un de ses bourreaux imagine
De tenir ses pieds nus sur des brasiers ardents.
Puis un cercle de fer (supplice épouvantable !)
Qu’à volonté l’on peut étendre ou rétrécir,
Déchire, en les serrant, la tête vénérable,
Les tempes et le front du glorieux martyr.
Nulle plainte, nul cri n’est sorti de sa bouche,
Ses nerfs contractés seuls accusent ses douleurs.
Ornoff est là debout, menaçant, l’œil farouche,
Paraissant insensible à toutes ces horreurs…


Mais la punition se prépare. Combat et vengeance, tel est le titre du chapitre V, où, en effet, la vengeance préparée s’accomplit sous l’influence d’une héroïque jeune fille, qui apparaît à la tête d’une troupe de paysans :

— Mais les exécuteurs s’arrêtent et pâlissent ;
Des feux ont dissipé les ombres de la nuit,
Des malédictions, des clameurs retentissent :
« Mort, mort aux assassins ! sus ! sus ! » Ornoff frémit
Et s’élance au dehors… Une scène effrayante
Vient alors s’offrir à ses yeux.
De paysans armés une foule hurlante
Fait retentir les airs de ses cris furieux.
À leur tête est Anna… la noble jeune fille,
Qui joint les traits d’un ange à l’âme d’un héros,
Accourt délivrer sa famille,
Arracher le vieillard des mains de ses bourreaux…


Ainsi nous le dit le poétique narrateur, qui, jusqu’au bout, nous mène son terrible épisode à l’aide d’un vers mâle et généreux. — Tout cela est simple et fort comme la vérité.

Si nous n’avons pas eu la prétention de chercher à émouvoir dans ce laconique compte rendu, nous avons l’assurance d’avoir indiqué à nos lecteurs une source de vibrante et sincère émotion. La Légende de M. de la Haize prouvera toujours qu’il est un poète de grand cœur… car on l’est quand on souffre aux malheurs des nations opprimées.


F. FERTIAULT.



SAINT-GERMAIN. — IMPRIMERIE L. TOINON ET Cie