non pas de votre peine, puisque cette peine est un plaisir, mais de votre temps et de votre soin, que la lecture du livre. Celle du journal compte moins, bien moins, et ne peut être considérée, selon le mot célèbre de Bayle, que comme un hors-d’œuvre, « un dessert de l’esprit ».
Depuis Moïse, Aristote et Platon jusqu’à Renan, Taine et Michelet, c’est dans le livre que l’humanité a renfermé tout ce qu’elle possède de plus grand et de plus noble, tout ce qu’elle a de meilleur. Dans le journal, c’est le contraire, — tout le contraire de ce fameux petit volume qui a eu tant de succès il y a un siècle, la Morale en action. Il ne vit, lui, le journal, et de l’aveu même de deux des plus illustres publicistes de notre temps, Thiers et Proudhon, que « de vices et de crimes en pratique ». Un bel assassinat, un adultère bien scandaleux, le plus abominable viol, les débauches les plus raffinées, toutes les ordures et les horreurs de notre misérable espèce, il se plaît à nous les étaler, nous les bien montrer : que nous n’en perdions rien ! Voilà ce qui fait sa gloire et sa richesse. Il ne vit que de cela.
Ajoutez que la réclame, la publicité vénale, a envahi la presse ; que, de plus en plus, l’argent, c’est-à-dire le mensonge, y règne