D’amers tourments, quand mon âme est trop pleine,
Je viens, ô fleur ! l’épancher en ton sein.
Un jour, voyant tes sucs monter à peine :
« Mon Dieu ! me dis-je, encore un espoir vain !
» Faut-il, hélas ! que sa tige trop frêle
» En se séchant avive mes douleurs ?… »
Mais, ce matin, ta corolle si belle
Comme un calice a recueilli mes pleurs !
Plante choyée, ô ma plante chérie !
Qui, par mes soins, as grandi chaque jour,
Oui, tu comprends ma triste rêverie,
Et je te voue un éternel amour.
N’y croyez plus, au moins : son sourire est un crime !
A sa brise de feu le cœur va s’étouffant !
Sa main, sous ses gazons, creuse, creuse un abîme
Qui dévore sa proie et dont rien ne défend !
— Oh ! non, non, tu n’es plus le souffle qui ranime,
Le rayon qui mûrit le germe triomphant :
Sous tes ailes de fleurs tu couves ta victime…
Saison des bourgeons verts, tu m’as pris mon enfant !!!
Tresse pour tes amis couronnes et guirlandes ;
Sous ton beau ciel d’azur aux horizons pourprés
Fais monter les parfums et la fraîcheur des prés…