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UN MARTYR

DE L’INTELLIGENCE

ou

SALOMON DE CAUX.



Poème.


I.

impuissance et désespoir.


Quel est donc ce penseur dans sa chambre enfermé ?
De l’ardente insomnie il semble consumé,
Et sous l’abattement sa force est terrassée.
On voit bien qu’il poursuit une haute pensée,
Mais comme un bœuf trop lent trébuchant au sillon…
Et contre lui, de rage, il tourne l’aiguillon.
La sueur du travail sur sa tempe ruisselle ;
Sous son front envahi tout son sang s’amoncelle,
Et ce front, en désordre et sans être essuyé,
Dans le creux de sa main penche et reste appuyé,
Tandis que son regard, brûlant comme sa tête,
Tombe fixe, et, sans but, sur le pavé s’arrête :

— « Oh ! pourquoi donc, Seigneur, à l’homme as-tu donné
« Un désir impuissant, un germe emprisonné
« Un dé« Qui couve en lui comme un mystère ?
« Pourquoi donc cet élan qui le pousse vers toi,
« Si du rampant séjour tu lui jettes la loi ?
« Si du « Pourquoi ce volcan sans cratère ?

« L’esprit de l’homme, hélas ! est un bouillant terrain ;
« Si ton doigt tout-puissant y fait voler le grain,
« Si to« Comment se fait-il qu’il avorte ?
« Ne décourage point, ô céleste semeur ;
« Du grain qu’on a reçu fais venir la primeur ;
« Du gr« Que le fruit ou la fleur en sorte !

« Je sais bien que tu veux, quand le germe est tombé,
« Voir l’être intelligent sur son labeur courbé,
« Voir « L’œil attisé sous un front blême,
« Déployant ses ressorts et les mettant en jeu…
« Oui, mais ne doit-il pas alors finir un peu
« Oui, « Par résoudre son grand problème ?

« Vois donc depuis quel temps je cherche, et sans trouver !
« Car dans ce long travail je n’ai fait qu’énerver