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Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/162

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essence du christianisme

XIII

LE MYSTÈRE DE LA PRIÈRE

Israël est la définition historique de la nature particulière de la conscience religieuse ; seulement en lui cette conscience était encore retenue dans les limites de l’intérêt national. Faisons disparaître ces limites et nous aurons la religion chrétienne. Le judaïsme est le christianisme mondain, le christianisme est le judaïsme spirituel. La religion chrétienne n’est que la religion juive purifiée de l’égoïsme de nation ; mais en même temps elle est une religion nouvelle — car toute réforme surtout dans les choses religieuses, où ce qu’il y a de plus insignifiant, acquiert de l’importance, produit des changements essentiels. En elle l’homme, en général, prend, par rapport à Dieu, la place qu’occupaient un homme, un peuple particulier. De même qu’Israël faisait de ses besoins, de la nécessité de son existence la loi universelle, de même qu’il divinisait jusqu’à son ardeur de vengeance politique, de même le chrétien a fait des besoins du cœur de l’homme les forces toutes-puissantes, les dernières lois des choses. Les miracles du christianisme, qui le caractérisent aussi bien que les miracles de l’Ancien Testament caractérisent le judaïsme, n’ont pas pour objet le bien d’un peuple, mais le bien de l’homme, mais du croyant seul, il faut le