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Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/169

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essence du christianisme

en contradiction avec le cœur. Pour le cœur, toute nécessité, toute loi est un obstacle qu’il ressent vivement, qu’il ne peut supporter, qu’il veut absolument détruire, et cette volonté intime du cœur, la toute-puissance n’a pas autre chose à faire qu’à la réaliser, à l’accomplir. L’homme dans la prière ne s’adresse donc qu’à son cœur : c’est lui qu’il implore, c’est lui qu’il contemple : comme l’être suprême, comme l’être divin.



XIV

LE MYSTÈRE DE LA FOI. − LE MYSTÈRE DU MIRACLE

La foi en la puissance de la prière, — et ce n’est que là où l’on accorde à la prière une puissance sur les objets en dehors de l’homme que la prière est une vérité religieuse ; — cette foi ne fait qu’un avec la croyance au miracle, et la croyance au miracle est la même chose que la foi en général. La foi n’est que la certitude de la réalité, de la valeur absolue, de la vérité de l’homme subjectif, en opposition avec les limites, c’est-à-dire avec les lois de la raison et de la nature. L’objet caractéristique de la foi, c’est par conséquent le miracle. Miracle et foi sont inséparables. Ce qu’est le miracle, la puissance miraculeuse en général dans le monde extérieur, la foi l’est en nous. Le miracle est la forme extérieure de la foi : la foi est l’âme intime du miracle.