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Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/194

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essence du christianisme

Grecs, l’imagination, sans s’inquiéter des besoins du cœur, s’enivrait de la splendeur et de la magnificence des choses de la terre ; chez les chrétiens, elle descendit du palais des dieux pour visiter le réduit du pauvre, où ne règne que la nécessité du besoin, et elle s’est humiliée sous la puissance de cette nécessité. Mais plus elle a rétréci son domaine, plus elle a gagné en force, et contre la puissance des besoins du cœur est venu échouer l’insolent orgueil des dieux de l’Olympe. Rien ne peut, en effet, résister à la puissance du cœur et de l’imagination réunis. Et cette alliance de la fantaisie avec la nécessité des besoins intimes, cette alliance c’est le Christ ; aussi toutes choses lui sont soumises. Il est le souverain du monde dont il dispose selon son bon plaisir ; mais cette souveraineté sur la nature est elle-même soumise à celle du cœur. Le Christ n’impose le silence à la mer mugissante et à la voix terrible des puissances naturelles que pour écouter les plaintes et les soupirs des malheureux.



XVII

PAGANISME ET CHRISTIANISME

Le Christ est la toute-puissance de la subjectivité humaine, le cœur délivré des liens et des lois de la nature, concentré en lui-même par sa séparation d’avec