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Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/207

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essence du christianisme

naires, surhumains et miraculeux. Mon semblable est le médiateur entre moi et l’idée sainte de l’humanité. « L’homme est pour l’homme un Dieu ; » mon éché est rejeté en deçà de ses frontières, renvoyé à son propre néant, parce que c’est le mien et pas le moins du monde celui des autres.



XVIII

SIGNIFICATION CHRÉTIENNE DU CÉLIBAT ET DU MONACHISME

L’idée de l’espèce et avec elle l’importance et la signification de la vie sociale furent méconnues par le christianisme. C’est ce qui confirme de nouveau ce que nous avons déjà dit bien souvent, que le christianisme ne contient point en lui le principe de la civilisation et du progrès. Dès que l’homme détruit la différence qui existe entre l’espèce et l’individu et fait de leur unité son être suprême, Dieu, dès lors tout besoin de progrès, d’éducation par lui-même disparaît. L’homme possède désormais tout en Dieu, c’est-à-dire en son propre être ; il n’a plus aucun besoin de se compléter par un autre, par le représentant de l’espèce, par la contemplation du monde en général. Par ses propres forces l’homme atteint son but et il l’atteint en Dieu. Dieu n’est que ce but atteint, que le but suprême de l’humanité réalisé, et chaque individu pris à part le sent présent en lui. Dieu