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Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/217

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essence du christianisme

épie-le lorsqu’il jette de côté l’incognito, lorsqu’il se montre dans sa vraie dignité. C’est dans le ciel qu’il parle comme il pense, c’est là que tu peux connaître son opinion véritable. Là où est le ciel, là est son cœur ; le ciel est son cœur mis à nu. Le ciel n’est que l’idée du vrai, du bien, du beau, de ce qui doit être, la terre l’idée du faux, du mal, du laid, de ce qui ne doit pas être. Or le chrétien n’admet pas dans son ciel la vie de l’espèce ; il n’y a là-haut que des individus sans sexe, « que des esprits ; » là règne la subjectivité absolue, — donc le chrétien regrette de sa vraie vie, la vie de l’espèce ; il nie le principe du mariage comme détestable, souillé par le péché, — car la vie sans souillure, la seule vraie, est la vie céleste.



XIX

LE CIEL CHRÉTIEN OU L’IMMORTALITÉ PERSONNELLE

La vie célibataire, ascétique est le chemin direct de la vie céleste, immortelle, car le ciel n’est pas autre chose que la vie subjective, absolue, en dehors de la nature, du sexe et de l’espèce. La foi à l’immortalité personnelle a pour fondement la foi que la différence sexuelle n’est qu’une addition extérieure et inutile à l’individualité, que l’individu est en lui-même sans sexe, par lui-même complet et absolu. Mais l’être sans sexe est un être qui n’appartient à aucune espèce ; la diffé-