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Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/279

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essence du christianisme

yeux ne m’affirmaient pas que ce sont deux individus, ma raison les prendrait pour un seul. Des personnes complétement semblables ont un charme extraordinaire pour elles-mêmes et pour la fantaisie ; elles donnent lieu à toutes sortes de mystifications et d’illusions, — car mon œil rit de ma raison pour laquelle l’idée d’une existence indépendante est toujours liée à l’idée d’une différence spéciale.

La religion est la lumière de l’esprit brisée par le milieu de la fantaisie, le même être vu double. La ressemblance est l’unité, telle que l’entend la raison, rompue sur le terrain de la réalité par la représentation sensible, sur le terrain de la religion par la représentation imaginaire, en un mot l’identité rationnelle coupée en deux par l’idée de la personnalité. Je ne puis trouver aucune différence entre le père et le fils, le modèle et l’image, Dieu et l’homme, si je n’intercale pas entre eux l’idée de personne. La ressemblance est l’unité affirmée par la raison, le sens du vrai, niée par l’imagination, l’unité qui laisse subsister une ombre de différence, une représentation illusoire qui ne dit ni tout à fait oui, ni tout à fait non.



XXIV

CONTRADICTION DANS LA DOCTRINE SPÉCULATIVE SUR DIEU

Comme nous venons de le voir, la personnalité de Dieu est le moyen par lequel l’homme fait des attributs