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LA RELIGION

cum spiritu, tout cela ne disparaît qu’avec la mort, de sorte que personne ne devient aussi parfait qu’il devrait le devenir et qu’il pourrait le devenir dans des circonstances plus favorables. Nous devons en dire autant de notre disposition pour le beau ; nous ne pouvons nous occuper ordinairement que d’un seul art ; peu d’hommes ont assez de loisirs pour s’occuper à la fois de plusieurs, personne ne peut s’adonner à tous. L’homme est donc le seul être sur la terre qui ait reçu des forces et des tendances que la vie ne peut développer, qui sont calculées évidemment pour une continuation de l’existence et qui, par conséquent, ont besoin d’un autre monde. Les animaux et les plantes qui voient la marche de leur développement interrompue par une mort prématurée, auraient pu, si rien ne les en avait empêchés, se développer complètement ; mais l’homme, et c’est là justement le point capital ! ne pourrait satisfaire aucune de ses tendances, ne pourrait développer entièrement aucune de ses facultés quand même il atteindrait l’âge le plus avancé. » Très bien ! mais cette assertion que l’homme, avec la plus longue vie et dans les circonstances les plus favorables ne peut atteindre sur la terre le but auquel il est destiné, provient uniquement de ce que l’on invente pour l’homme, a priori, une destination surnaturelle et fantastique.

De même que la plante et l’animal, l’homme est un être purement naturel. Qui peut le nier, si ce n’est le fantasque chrétien qui met son honneur à ignorer les vérités les plus évidentes ou à les sacrifier à sa foi : qui peut arracher l’homme à ses rapports avec les plantes et les animaux ? Qui peut séparer l’histoire de la civilisation de l’humanité de l’histoire de la culture