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REMARQUES

J’ai dit que les seuls vrais sacrifices sont ceux qui ont leur origine dans une nécessité interne ou externe, ceux qui ne sont, pour ainsi dire, ni des sacrifices ni des actions méritoires. C’est là une assertion qui n’a pas de sens pour les moralistes chrétiens, car pour eux l’idée de la vertu est identique à celle d’un ordre de mérite quelconque, civil ou militaire. Mais je ferai cette question : Manger et boire, dormir et veiller, laver et blanchir, lire et écrire, en un mot tous les actes sociaux et naturels de l’homme sont-ils moraux ou immoraux ? Et tout homme raisonnable me répondra : Ils ne sont ni l’un ni l’autre. Quand se produit donc l’idée de la moralité ou plutôt de l’immoralité, puisque celle-là suppose celle-ci ? C’est seulement quand on néglige pour une action non immorale en soi une autre action aussi peu morale qu’elle. Si cette femme que voici aime la société, la conversation, — et cet amour n’est point immoral, — mais néglige pour cela le soin de ses enfants, on l’appellera une mauvaise mère, bien que l’acte de soigner ses enfants de la part d’une mère ne soit pas en soi un acte moral, parce qu’il est une conséquence de l’amour maternel. Ce qui pour cette femme sera un sacrifice une vertu, ne le sera pas pour une autre qui n’aura pas comme elle des inclinations en lutte avec son amour maternel, et qui, au contraire, ne se trouve nulle part mieux qu’au foyer domestique


    rétablissement il veut mettre de côté. Les doctrines nouvelles sont et veulent ce qu’était et ce que voulait autrefois le christianisme. Il faut que ce rétablissement, pour être vrai, pose un nouveau principe, sinon il n’est qu’une vaine et stupide répétition.