Page:Feuerbach - La Religion,1864.pdf/349

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nemis les plus acharnés, qui par leurs idées religieuses et politiques en sont encore au même point que les siècles depuis longtemps écoulés, qui, par conséquent, montrent dans cette vie le moins de tendance au perfectionnement, soient néanmoins ceux qui proclament le plus haut la satisfaction de ce penchant comme le fondement de la nécessité d’une autre vie.


D’où vient le combat du présent ? D’où vient notre révolte contre ceux qui, les yeux obstinément tournés vers le passé, en religion nous renvoient à la Bible, en politique nous donnent le droit historique comme la dernière raison des choses ? L’humanité demande maintenant le salaire de son travail ; elle ne veut pas avoir pensé, souffert et combattu en vain ; elle veut jouir de ce qu’elle a conquis par des efforts de chaque jour continués pendant des siècles. On n’a pas pu empêcher son travail, on l’a même favorisé, et pourtant on veut aujourd’hui ne pas lui en payer encore le prix.


L’humanité doit, si elle veut fonder une nouvelle époque, rompre entièrement avec le passé ; elle doit d’abord poser en fait que ce qui a été jusqu’ici n’est rien. Ce n’est que par ce moyen qu’elle peut gagner ardeur, énergie et force pour des créations nouvelles. Tout ce qui se rattacherait à l’état présent des choses ne ferait que paralyser l’essor de son activité. Elle doit être par conséquent injuste, partiale. La justice est un